Dans cet épisode, on se baigne dans les mythes.

- Les futurs mystères de Paris, de Roland C. Wagner chez L'Atalante. Un des auteurs phares de la SF française, Wagner livre avec Les futurs mystères de Paris une de ses oeuvres majeures, s'inscrivant par l'occasion dans la continuité des Mystères de Paris de Sue, Malet puis Dard. Un détective privé qui ne s'inscrira pas dans les mémoires, c'est son don et sa malédiction, quant aux enquêtes qu'il entreprend, notre bon Temple Sacré de l'Aube Radieuse (Tem pour les intimes) se retrouve souvent embarqué dans des histoires invraisemblables, mais est-ce complètement un hasard ?

- Nos voisins les Yokai, de Noho chez Nobi Nobi. Une série en 4 tomes qui imagine la vie en harmonie entre humains et Yokai, tirés du bestiaire fantastique de la mythologie japonaise. Des Yokai aux aspirations finalement assez proches de celles des humains : mener une vie tranquille en bonne entente avec leur environnement. Une incursion pleine d'émotions et aux graphismes soignés.

- Les mythes de l'ossuaire, de Jeff Lemire et Andrea Sorrentino chez Urban. Une série toujours en cours, qui s'attelle à former une mythologie assez sombre, en s'inspirant des légendes amérindiennes comme de celles plus récentes de Lovecraft ou de Barker. Un travail graphique magistral de Sorrentino, qui nous offre une mise en page et surtout une maîtrise de la couleur qui élève le déjà très bon scénario de Lemire. On espère de nombreux autres volumes de ce duo talentueux.

La BO du jour c'est Funky Booty de Fat Bard & Mr Miller, tiré de l'ost de Demon Turf. Une bo groovy et entraînante pour se balader dans des contrées enchanteresses qui cachent quelques sombres secrets.

Dans ce 11ème opus, on se promène dans l'univers.

- Pauvre Cosmos, de David Sillanoli chez Flatland. Un roman noir-punk qui nous balade de planète en planète dans et hors des Etats-Munis colonisateurs, dans les pas d'un "héros" qui tente de se rebeller contre son destin, mais se fait toujours embarquer, plus ou moins contre son gré, dans des combines parfaitement douteuses. Un pamphlet contre l'impérialisme colonisateur et plein d'amour pour les anti-héros, porté par une plume réjouissante.

- Yon, de Camille Broutin au label Combo chez Dargaud. Première oeuvre en solo pour cette jeune autrice/illustratrice qui montre déjà une maîtrise graphique impressionnante. Une école de jeunes filles se retrouve isolée, victime d'un épisode du "Phénomène". Survie, adaptation et vie en commun dans un nivers hostile, Camille Broutin nous montre qu'elle sait écrire aussi bien qu'elle dessine.

- Multiverse, d'Aleksi Briclot chez Huginn & Muninn. Sans aucun doute un des illustrateurs les plus talentueux de ces dernières décennies, Aleksi Briclot s'implique dans tous les domaines, vous avez probablement croisé une de ses oeuvres, que vous soyez joueur de TCG (il est un des maîtres d'oeuvre pour Magic The Gathering), de jeux vidéo (Remember Me et le studio Dontnod) ou même de jeux de rôle (C.O.P.S. et bien d'autres). Et si vous êtes un fan d'illustrations, on lui doit également l'institution qu'est Café Salé, avec tout ça on rajoute son travail sur la série Spawn aux côtés de McFarlane et on aura un aperçu de l'immensité de ce Multiverse.

La bo de la semaine c'est Portabellohead, tiré du remix Overclocked de l'ost de Crypt of the Necrodancer par Funk Fiction. Du rythme et du funk pour ce remix, adapté à toutes les réalités du mulitvers.

Déjà le dixième opus, presque dix ouvrages pour fêter ça !

- The Strange House, d'Uketsu au Seuil. Un thriller, ou plutôt un thread horreur à la manière d'internet sous forme de roman, où l'on avance des conclusions un peu rocambolesques qui s'avèrent taper quasi systématiquement dans le mille, avec de nombreux rebondissements, des plans à foison et une histoire bien plus complexe que ce qui paraissait déjà extraordinaire au départ. On ne s'ennuie cependant jamais avec ces étranges maisons, pour peu qu'on accepte de se laisser porter par le récit. En bonus, une adaptation manga très fidèle et travaillée, qui en devient même, je trouve, mieux que l'original, sans doute parce que plus proche du style assez illustré d'un thread horreur raconté en vidéo.

- Derrière le grillage 1, de Guillaume Chamanadjian, luvan et Sébastien Juillard chez Scylla. Le premier opus de ce qu'on espère devenir une très longue série, aux multiples contraintes d'écriture : 111 111 signes et un point de départ commun, celui du souvenir d'enfance et de la frontière avec l'imaginaire, qui ont donné ces 3 premiers récits. Du pur cyberpunk de Guillaume Chamanadjian qui respecte merveilleusement le thème imposé en l'incluant de la meilleure manière au cyberpunk mêlé de folklore japonais de Sébastien Juillard, en passant par la rêverie artistique dans un monde post-apocalyptique de luvan, on aime ce que l'on voit derrière le grillage.

- La Tour de Garde, de Claire Duvivier et Guillaume Chamanadjian édité Aux Forges de Vulcain. Deux trilogies croisées écrites de concert par Claire Duvivier et Guillaume Chamanadjian, deux cités aux ambiances et à la narration très différentes, aussi bien rivales que partenaires. Une superbe oeuvre de Fantasy avec un univers assez original, qui nous happe très rapidement pour ne plus nous lâcher.

La bo du jour, c'est Pure Death, tiré de l'ost de l'animé Hellsing. Un mélange jazz, rock et même un peu western ici, pour se promener entre les différents mondes qui s'offrent à nous.

Un neuvième épisode qui parle de contes et de philiosophie.

- Voile vers Byzance, de Robert Silverberg dans la collection Une heure-lumière chez Le Bélial. Cette nouvelle qui fête ses 40 ans cette année, nous emmène à travers les cinq villes qui constituent l'ensemble du monde, peuplées quasi exclusivement de personnages-fonction, au profit d'une petite partie de privilégiés qui se prélassent dans ces cités, répliques pas vraiment exactes tirées de diverses époques (Rome Antique, New York des années 80, Cité interdite de l'empire chinois...). On n'est cependant pas si loin d'un conte philosophique, nous amenant à réfléchir sur le passage du temps, la vieillesse, la mort ou même ce qui fait qu'on est un être humain, voire une réflexion sur l'Histoire et sa transmission, ou la possibilité d'en avoir un aperçu aussi fidèle que possible.

- Anatèm, de Neal Stephenson dans la collection Imaginaire chez Albin Michel. Un diptyque qui là aussi nous emmène sur les chemins de la philosophie et des sciences, puisqu'on suit d'abord la vie d'un monastère qui mêle érudition et vie simple, îlot anachronique (dans bien des sens) au milieu d'un mode qui ressemble assez au nôtre. Suite à plusieurs bouleversements, d'abord à l'échelle du monastère puis à l'échelle du monde, cet ordre ancien va s'activer pour tenter de sauver (à nouveau ?) l'humanité d'un danger cette-fois ci extérieur. Assez abrupt au premier abord, Anatèm s'emballe dans la deuxième partie pour prendre une nouvelle dimension.

- Artbook, de Philippe Caza chez Nestiveqnen. Un très bel ouvrage qui retrace plus de 50 ans d'activité du maître, qui s'ouvre sur un entretien avec Philippe Caza avant de nous faire voyager dans ses oeuvres, entre bandes dessinées et couvertures de roman, principalement en Science-Fiction et en Fantasy. Vous en avez très certainement croisé si vous êtes familier de ces genres, pour ma part j'ai toujours adoré son travail avec le romancier Roland C. Wagner, qui lui avait confié la tâche d'illustrer ses oeuvres.

La bo de la semaine, c'est Stage Clear de Resonator, tiré de l'ost de DoDonPachi Resurrection, fameuse licence de Shoot'em Up. On prend un peu de repos avec cette piste avant de repartir à l'assaut de l'univers.

Une croisade, une serre, une montagne, bienvenue dans ce 8ème épisode de What th...de Zalem à la Folie.

- Tancrède, d'Ugo Bellagamba chez Folio (Les Moutons Electriques). Une uchronie qui remonte aussi loin que l'époque des croisades, c'est à ma connaissance inédit, mais un défi brillamment relevé par Bellagamba. On y suit donc Tancrède de Hauteville, qui prend les armes et la route à l'appel du pape Urbain II pour aller en croisade récupérer la terre sainte. A la suite de ce qui commence comme une biographie romancée, s'amorce l'uchronie et l'exploration plus avancée des mystères du Moyen Orient.

- La grande verdure, de Lucie Heder chez La Volte. Un roman post-apocalyptique qui met aux prises des îlots de survivantes avec l'environnement hostile qu'est devenue la Terre. C'est surtout un roman qui repose sur ses personnages et la communication entre les gentes, souvent défaillante, contestée par l'héroïne et sa colère envahissante. Un roman inclusif, féministe et qui explore d'autres façons de vivre en communauté et d'aborder la résilience.

- Eilin du fond de l'eau, de Maria Surducan et Anna Julia Benczedi. Cette bande dessinée modernise en le revisitant l'univers des contes d'Europe de l'Est. Une histoire d'amour autant qu'un affrontement entre les forces et les esprits de la nature et l'humanité, emplie de ses défauts comme de ses qualités. On est portés par les superbes illustrations, soutenus par la narration, un beau voyage.

La bo de la semaine, c'est Kefka (piano version) de Nobuo Uematsu tiré de l'ost de Final Fantasy VI, un classique de la musique de jeu vidéo, dans sa version épurée au piano seul. De quoi passer des après-midi pluvieuses à rêvasser en lisant un bon roman.

On voyage dans ce 7ème opus.

- Tovaangar, de Céline Minard chez Rivages. Mélange intéressant entre road-trip, post-apocalyptique et utopie. Tovaangar présente un monde encore en convalesecence, où toutes les espèces et la nature apprennent à vivre à nouveau en harmonie, un joyeux mélange de technologies rendues pleinement "vertes", de préservation des reliques de l'ancien monde, de fusion biologie-technologie, le tout formant un équilibre mouvant avec la nature incarnée par les fleuves, les montagnes et ses habitants. Céline Minard flirte parfois avec l'animisme dans sa volonté de donner une conscience globale à la nature, mais on reste captivé par les capacités de résilience qu'elle lui prête. Un idéal de vie en communauté avec la nature qui s'oppose à notre mode de vie destructeur tout en arrivant à faire la paix avec lui.

- Zothique, de Clark Ashton Smith chez Mnémos. Contemporain et ami de Lovecraft, Smith préfère les récits hors du temps, dans lesquels des nécromants s'adonnent à des rituels occultes, des nécropoles ensablées renferment de sombres pratiques...Ce recueil de nouvelles sent le sang versé sur le sable chaud, la putréfaction cachée sous la poussière d'un vieux tombeau ou la sueur froide provoquée par l'angoisse d'un massacre à venir, le tout lié par une écriture fluide et assurée.

- Peter Pan de Kensington, de José-Luis Munuera et d'après Barrie chez Dargaud. Adapté des premiers écrits de J.M. Barrie sur le personnage qui deviendra le Peter Pan qu'on connaît, cette version est plus sombre et inquiétante, probablement parce qu'elle se situe quasi intégralement dans un Londres brumeux, peuplé de dangers venant aussi bien du monde des fées que de celui des humains. Une belle réussite graphique de Munuera, qui réussit à merveille ce mélange de féérie et de glauque, à la manière des contes.

La bo de la semaine, c'est Ravens I tiré de l'ost de Long gone days par Sebastian Marin. On oscille constamment entre la tension du combat ou de la clandestinité et la chaleur d'un foyer improvisé par la rencontre de bonnes volontés.

Des ambiances très différentes pour ce 6ème Zalem à la Folie !

- Jardins virtuels, de Sylvie Denis chez Folio SF. Un recueil de 13 nouvelles qui démontrent l'étendue du talent de Sylvie Denis. La plupart sont des nouvelles d'anticipation, et Sylvie Denis arrive parfaitement à lier l'extrapolation de technologies ou de situations actuelles et des personnalités complexes (science et fiction donc...) au travers de textes qui parfois semblent se répondre l'un l'autre. 

- Bienvenue à Strukeyville, de Bob Leman chez Scylla. Ici aussi un recueil de nouvelles, pour certaines inédites en français et pour la quasi totalité plus éditées depuis longtemps. Et ç'aurait été dommage de se priver de cette ambiance pesante de ville moyenne du coeur des Etats-Unis, en proie à la désindustrialisation. Entre les maisons qui vous gardent sous emprise, la ville dans la montagne qui semble avoir été oubliée par le temps et le lac qui semble renfermer de sombres secrets, on préfèrerait parfois ne pas être venu à Sturkeyville.

- Cyborgs Volume 1 : Ronin, de Jean-Luc Istin, Kael Ngu et Florent Daniel. Un premier volume qui pose de très bonnes bases pour cette série prévue en 5 volumes (dont 2 parus à ce jour) basés chacun sur un personnage. Un univers cyberpunk bien ficelé même si il peut paraître un peu caricatural parfois, les personnages sont en réalités plus complexes qu'il n'y paraissent au premier abord et l'action est bien dosée. Une série à suivre, en espérant que les différents dessinateurs arrivent à maintenir une cohérence d'ensemble.

La bo de la semaine est encore une fois tirée de l'ost de Star Ocean : The Divine Force par Motoi Sakuraba, avec la piste Tranquil Harbor.

Dernier Zalem à la Folie de ce mois d'août !

- H.P.L., de Roland C. Wagner chez Actusf. Une courte nouvelle, biographie uchronique et ultraréférencée de Lovecraft par Wagner. On y croise donc nombre d'ouvrages que Lovecraft a écrit dans un univers parallèle qui court jusqu'aux années 1990, où Lovecraft a enfin le droit de s'éteindre à l'âge de 101 ans. Une nouvelle façonnée avec talent et humour par Wagner.

- Cimqa, d'Auriane Velten chez Folio (Mnémos). Un roman d'anticipation qui parle du monde spectacle, révolutionné par un évènement d'ampleur mondiale qui a vu nos esprits percutés par une autre dimension (notre inconscient collectif ?). Deux histoires croisées pour deux personnages qui partagent presque le même nom, et qui nous permettent de saisir les enjeux de cette "technologie" qui transforme tout un chacun qui en aurait le talent en projecteur d'imaginaire, et son dévoiement (comme toute chose) par le capitalisme et ses cadres, dans lesquels on ne peut faire rentre une oeuvre qu'en en lissant les bords jusqu'à ce qu'elles perdent toute originalité.

- Cigale, de Shaun Tan chez Gallimard jeunesse. Un très bel album jeunesse, pour petits et grands. On y parle de l'aliénation au travail, d'ostracisation (de racisme ?) et enfin de l'absurdité de certains de nos modes de fonctionnements. Pas le côté le plus réjouissant des humains, et on est finalement bien heureux d'être une cigale.

Soundtrack de la semaine :  Abandoned Mines de Motoi Sakuraba, tiré de l'ost de Star Ocean : The Divine Force, qui oscille entre électropop planante et pop rock entraînante, idéale pour s'activer le corps ou l'esprit.

Un épisode 4 qui parle de travail et de grandes villes !

- Station Métropolis, direction Coruscant d'Alain Musset, dans l'excellente collection Parallaxe chez Le Bélial. Un ouvrage captivant qui nous explique les problématiques liées à l'urbanisme et à la démesure de nos cités contemporaines, en utilisant les exemples imaginés par des oeuvres majeures de la science-fiction. Pari réussi comme à chaque fois dans cette collection.

- Au bal des actifs, demain le travail, chez La Volte. Un superbe recueil de nouvelles livré par 12 auteurs, qui explore les futurs possibles du monde du travail. Souvent désenchantées, reflets de notre époque et de notre société, ces nouvelles apportent aussi leur lot de révoltes. A lire pour se (re)donner l'envie d'aller en manif et de lutter pour ses droits.

- Shin Zero, Volume 1/3, de Mathieu Bablet et Guillaume Singelin, au Label 619 chez Rue de Sèvres. Je ne peux manquer de le dire quand on parle de Mathieu Bablet ou de Guillaume Singelin : ce sont deux auteurs parmi les plus talentueux de leur génération, responsables de nombreuses BD déjà cultes. Pour la première fois ils s'associent dans une série, et ce premier ouvrage est déjà prometteur : kaijus, sentais, économie défaillante et monde désenchanté, les ingrédients sont là. Et bien sûr un dessin au top.

La BO de la semaine : Will of the scribes, acoustic version de Darren Korb, tiré de l'Ost de Pyre, pleine de nostalgie et de dcouceur, on a envie de s'enrouler dans un plaid et de se lire un bon roman ou de jouer à un rpg.

Le 3ème épisode est en ligne !

- La maison des feuilles de Mark Z. Danielwski chez Monsieur Toussaint Louverture. Un roman de Fantastique sorti il y a un peu plus de vingt ans mais déjà culte. Il a inspiré un grand nombre de créateurs par son ambiance unique et surtout sa méthode de narration savamment erratique, qui nous aide à nous perdre dans ce labyrinthe. Une mise en abyme de la forme et du fond, qui peut cependant en dérouter certains.

- V., chez La Volte. Un ouvrage édité à l'occasion des 20 ans de La Volte, sous forme de catalogue illustré qui nous présente 20 oeuvres et 60 illustration. Des auteurices et illustrateurices de talent pour un artbook qu'on ne se lasse pas de feuilleter.

- Dawn Runner de Ram V et Evan Cagle chez Hi Graphics. Une bande dessinée qui s'inspire sans doute des méchas et des kaijus, mais aussi un côté postcyberpunk. Superbement illustré, un one-shot à se procurer en version noir et blanc ou couleur, les deux sont superbes.

Bande-son de la semaine : Résistance de Jeff Van Dycke, tiré de l'ost de Hand of Fate, qui évoque à la fois l'exotisme d'un désert suffocant et l'appréhension que peut provoquer la traversée d'une rue coupe-gorge dans une ville mal famée.